La transition professionnelle, c'est le décalage entre qui nous sommes devenus et ce que nous faisons. Ce décalage amène le plus souvent deux conséquences: une perte de repère vis à vis de notre situation actuelle et donc l'inconnu de la direction à prendre.
C'est une situation inconfortable de sentiments mêlés: frustration, morosité, tristesse, fatalisme, doute, incompréhension, insatisfaction. La situation est d'autant plus inconfortable que le décalage actuel est important. Et plus il est important, moins nous visualisons la direction à prendre et plus nous sommes immobiles.
Comme tous les cercles vicieux, il est important de casser cette dynamique qui bien évidemment deviendra de plus en plus dévastatrice avec le temps. Si nous ne brisons pas ce cercle alors d'autres éléments viendront alimenter cette mauvaise dynamique tels que: la perte de confiance en soi et l'abaissement de l'estime de soi.
Il y a 3 piliers importants qui permettent de sortir de ce cercle.
1. La maîtrise.
Maîtriser ici, c'est reprendre en main sa situation actuelle qu'elle soit professionnelle ou personnelle. Les deux étant étroitement liées, les deux s'alimentent, elles sont dans la même cordée.
Maîtrise, c'est:
- Assumer les choix et le parcours qui nous ont amené jusqu'ici: Aurions-nous mieux de faire autre chose? Avons-nous loupé une occasion plus tôt dans notre carrière? Ici, peu importe. L'important va être de tirer tout ce qui nous a été bénéfique d'être là.
- Assumer sa situation actuelle: "Je suis en transition professionnelle", "Je suis à un tournant de ma vie", "Je ressens que ma vie prend un virage", "Je vais devoir changer de voie".
Le but, c'est de s'ancrer dans le présent. Le passé n'est pas modifiable et le futur est encore flou donc il est important de savoir où nous sommes et de l'assumer.
- Différencier les marches de l'étage: souvent, nous rencontrons des individus qui au début de leur transition professionnelle ont pour objectif de trouver leur voie, trouver ce pour quoi ils sont fait, d'avoir un projet professionnel, savoir où aller. Notre première question lorsque nous faisons face à cela est de demander: "Dans quelle mesure est-ce le bon moment pour poursuivre cet objectif?"
Trouver sa voie est un objectif large et lointain dans le temps. Il devient donc anxiogène. Durant cette période de transition où nous avons vu l'apparition de perte de repères, il va être important de se raccrocher tout d'abord au court-terme. C'est-à-dire découper cet objectif étage pour déterminer les marches qui nous séparent d'aujourd'hui à l'atteinte de cet objectif.
Comprendre qu'il faut mettre des marches, c'est se donner des objectifs réalisables et réalistes qui nous permettent d'avoir des résultats rapides. C'est ainsi que nous allons pouvoir nous prouver que nous avançons. Et avancer, c'est vraiment la clé puisque cela veut dire que nous commençons à avoir une direction.
Maîtriser ses envies: parfois, souvent, lorsque nous arrivons à une transition professionnelle, c'est que nous avons oublié de nous occuper de nos envies dans un ou plusieurs sphères de notre vie. Le professionnel inclut bien évidemment. La première question que nous posons dans l'accompagnement "La semaine prochaine, quelle est la première chose que tu as envie de faire?"
Suivre ses envies, surtout durant cette période, permet d'aller chercher du bien-être et donc de l'énergie. Lorsque nous parlons d'envie, nous ne parlons pas uniquement de détente, de repos mais bien de ce sur quoi nous avons envie de nous pencher ou faire de manière spontanée.
Par exemple, si nous avons un rendez-vous important avec notre manager pour évoquer une rupture conventionnelle, il y a la stratégie du rendez-vous mais il y a aussi et surtout "qu'est-ce que j'ai vraiment envie de dire? quel message ai-je vraiment envie de faire passer?"
Tout simplement, cela fait du bien de suivre ses envies et ça sera la ligne de conduite de l'accompagnement car lorsque nous suivons nos envies, nous nous alignons avec nous-même. D'une part, c'est ce qu'il nous manque et d'autre part, ainsi, les éléments d'avancées de notre transition se calent bien plus facilement puisque nous poursuivons sans cesse nos envies.
Pour maîtriser ses envies, nous allons basculer dans un état d'esprit de rapprochement. Durant notre transition professionnelle, nous aurons tendance à savoir très facilement ce que nous ne voulons plus, ce que nous souhaitons éviter.
Basculer vers du rapprochement, c'est commencer à muscler le muscle de ses envies et donc de rechercher petit à petit, ce qui nous correspond.
Poursuivre ce qui nous correspond est là aussi beaucoup plus motivant que de fuir ce que nous ne voulons plus.
Quels sont les bénéfices de reprendre la Maîtrise?
Le but ultime de "Maîtriser", c'est de se remettre au centre de sa zone d'influence.
> Nous ne subissons plus, nous influençons notre vie,
> Je comprends où je suis et je l'assume,
> Je retrouve de l'énergie physique et mentale,
> Je suis solidement ancré dans le présent et je suis en posture vers le futur.
2. AGIR
Agir va être le déploiement en action dans la réalité de la maîtrise. Ici, nous allons construire les premières stratégies, les premières actions à court terme, les petites marches vues plus haut. C'est une mise en action pragmatique, de petites ou de grandes actions, et qui aura pour vertu:
D'obtenir des réponses aux questions que nous nous posons durant cette période floue: beaucoup de "je ne sais pas", "je ne sais pas trop", "peut-être ou peut-être pas" sont évoqués à ce moment-là et le meilleur moyen de lever ces interrogations est d'aller les vérifier.
D'avoir du résultat qui permet de mesurer que nous avançons.
Permet de se sentir à nouveau capable: en transition professionnelle, nous nous posons souvent la question de savoir si nous sommes en capacité de nous réinventer, de savoir faire autre chose que ce nous faisons actuellement. Se mettre en action permet de faire vivre aussi certaines de nos capacités que nous avons parfois un peu enfouies et ouvre la porte à la découverte de nouvelles capacités, compétences et talents.
L'action amène l'action: c'est votre nouveau cercle mais vertueux cette fois-ci et celui-ci est énergisant, motivant, valorisant et apporte, à ce moment-là, un souffle nouveau.
3. Gérer le temps.
Apprivoiser le temps sera une clé essentielle de sa transition professionnelle. C'est une réalité: tout changement peut prendre un certain temps. Il faut l'accepter et normalement, c'est quelque chose qui se passe naturellement si nous avons abordé la maîtrise et l'agir dans de bonnes conditions.
Construire son projet et aborder sa réalisation nécessite de la réflexion, de l'exploration et parfois les choses s’accélèreront et parfois elles ralentiront. Le temps fera l'accordéon et accepter cet aspect de la transition permet d'augmenter la maîtrise que vous avez sur votre situation, d'être objectif et donc d'engranger de la sérénité.
Accepter ce temps vous permettra plus facilement de:
- comprendre vos mécanismes de transition,
- construire sa stratégie de progression en concordance avec soi,
- prendre soin de soi.
Conclusion
Respecter ces piliers dans une situation parfois très tumultueuse qu'est la transition professionnelle permet de réduire le plus rapidement possible l'inconfort et les sentiments négatifs. D'ailleurs dans les accompagnements, nous remarquons assez vite les impacts positifs de ces piliers car la personne reprend de l'ampleur dans sa posture, dans ce qu'elle renvoie autour d'elle.
Les respecter c'est s'ancrer fermement dans le présent et redevenir acteur de sa propre vie.
Une fois cela fait, il devient plus aisé de commencer les exercices de projection à long-terme et de consolider un projet cohérent.
A la fin des accompagnements, nous demandons les phrases "totems" des participants pour la suite. Ces phrases totems correspondent à la ligne de conduite que la personne a apprise et a envie de conserver pour la suite. Et invariablement, nous entendons la même chose mais voici deux exemples concrets:
- "Je vais continuer de m'écouter car j'ai compris qu'en suivant mes envies ma vie devient plus intéressante et je me sens plus moi-même."
- "Garder la maîtrise, cela me rend plus forte et plus sereine. Aujourd'hui, je prends des décisions plus facilement".
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